
Ridley Scott 1982
Séquence d'ouverture, Blade Runner.
Blade Runner est un film qui a marqué à jamais l’imaginaire cinéphile. Des entrailles d’une ville labyrinthique aux ruelles surpeuplées éclairées de néon, c’est tout un univers visuel devenu référence et modèle du genre. Mais Blade Runner ne peut être réduit à sa simple esthétique. La totale réussite du film tient à la réunion de multiples talents mais aussi aux hasards, aux conflits. Sa gestation longue et difficile a, dirait-on, consolidé plus qu’elle n’a fragilisé le projet. Comme si, de la première ébauche du script à sa sortie en salle, malgré des passages des relais, des remplacements et des réécritures incessantes, la force motrice du film demeurait intacte.
Cette colonne vertébrale inébranlable, on la doit certainement à l’œuvre d’origine, Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques, au génie quelque part visionnaire de Philip K. Dick. Blade Runner nous donne l’occasion d’affirmer qu’un film n’est pas toujours l’œuvre d’un seul homme, comme aimeraient à penser les plus romantiques des cinéphiles. Circonscrire la réussite totale du film, car c’en est une, au seul nom de Ridley Scott est de toute évidence une erreur et un raccourci regrettable. Il est même étonnant de constater à quel point le réalisateur semble décalé par rapport au contenu thématique de son film. Il est tout aussi évident que son talent de cinéaste a porté Blade Runner au panthéon du genre.
Analyse de la séquence d'ouverture.
La séquence d'ouverture de Blade Runner de Ridley Scott (1982) invite le spectateur à découvrir le monde dans lequel le réalisateur développe le récit de son film, une entrée en matière orchestré par une musique singulière signé Vangelis ainsi qu'une cohérence entre la vitesse et les plans de caméra.
La séquence d'ouverture du film se compose de 13 plans construit dans une logique progressive de découverte de la ville de Los Angeles en 2019 comme la voit Ridley Scott et notamment Philip K. Dick dans sont récit « Do androids dream of electric sheep »).
Nous plongerons dans le monde dans lequel Rick Deckard ( Harrison Ford) évolue en tant que chasseur de répliquant de la section de police nommé « BLADE RUNNER » ( expliqué dans le bandeau déroulant, ce sont des robots clandestins à l'apparence humaine habitant sur terre tandis que leur rôle est la colonisation d'autres planètes, Rick Deckard va chasser le modèle Nexus 6 durant le film et utilise également le test de Voight-Kampff pour déceler d'autres de ces machines).
Nous attaquons cette dissection du travail de Scott sur Blade Runner en commençant par l'analyse de la première scène, celle du générique, qui situe l'action dans la mégalopole du futur, qui, en un long travelling aérien découpé, se dissout tout entière dans un œil filmé en gros plan. Notre analyse s'articulera autour de plusieurs axes; l'atmosphère qui émane de cette séquence d'ouverture, La dimension de l'homme que confère l'introduction et la construction de l'aspect contemplatif de la séquence.
L'atmosphère dictée par Ridley Scott dans la construction des plans.
Le premier plan est un carton qui présente le contexte géographique du film, « Los Angeles November, 2019 », il est appuyé par une nappe sonore développé depuis le menu déroulant des acteurs débouchant sur un effet sonore « d'impact » amplifié par une réverbération marquant le vide
et l'oppression sans que le deuxième plan ne dévoile l'entrée en image du film.
Dés cet instant le spectateur est désormais plongé dans une immensité de « vide » et de froideur.
L'ouverture du second plan marque cet entrée en matière avec des explosions émanant de cheminées industrielles, ont découvre la ville plongée dans l'obscurité dans un plan très large accompagné d'un travelling avant lent, la réverbération des effets d'explosions et de la musique prolonge l'aspect d'immensité qui ici est souligné par l'image de cette vaste ville dont les seuls détails sont des lumières lointaines.
L’omniprésence des flammes souligne la plastique du film en mettant en avant le côté industrielle du décors du film, ainsi que la brume dissipé qui donne du mal à voir autre chose qu’une masse noire, sombre et lugubre.
Le ciel et la terre se confonde, cela plonge le spectateur dans un environnement apocalyptique indissociable, dans lequel le feu et les explosions symbolisent un danger permanent qui fait partie intégrante de cet environnement.
Dans ce plan la venu du vaisseau sur la gauche du cadre pour sortir en hors champ symbolise la puissance de la ville qui attire inéluctablement le spectateur avec notamment la continuité du travelling avant.
L'éclair qui déchire le ciel renforce l'environnement hostile dicté par Scott et permet le passage au troisième plan en y insérant une ellipse de mouvement permettant de se rapprocher d'avantage dans l'univers de la ville, une explosion vient ponctuer ce changement beaucoup plus prés de la caméra qui marque ce rapprochement toujours composé d'un plan plus serré et la continuité du travelling avant en donnant une réponse à l'éclair.
A chaque fois au cours de « l'avancée » imperceptible de la caméra, un élément va intervenir dans l'image, liant chaque plan, dans un rythme lent et calculé, faisant ressortir le côté oppressant de l'atmosphère.
La ville apparaît encore plus tentaculaire et immersive aux yeux du spectateur, la brume qui vient renforcer cette immersion amène à se perdre.La venu hors champ d'un vaisseau du côté droit du cadre fait le lien avec le dernier plan en créant un raccord symétrique sortie de champs hors cadres gauche, entrée hors champ de cadre droit représentant un guide qui nous apparaît sous la forme d'un vaisseau dont la lumière rouge à l'arrière perce le ciel obscur et se dirige vers le fond de l'image.
La transition avec l’œil au quatrième plan ( dont la signification sera développé dans le prochain axe) permet encore la création d'une ellipse de mouvement et l'ont distingue désormais l'endroit vers lequel le réalisateur veux amener le spectateur, (cinquième plan).
Ont peut apercevoir les pyramides en arrière plan qui éclair le ciel par 2 lumières à caractère céleste symbolisant la transition entre l'aspect apocalyptique de la ville et la puissance divine de Tyrell (créateur des androïdes).
Au premier plan, les cheminées industrielles sont plus présentes et encerclent les pyramides qui se retrouvent au centre de la ville pour signifié l'importance et la puissance du créateur.
Les flammes des cheminées industrielles sur la droite et la gauche du cadre encerclent les pyramides et peuvent traduire une sorte de protection de la puissance de la Tyrelll corporation.
Il y a une continuité dans le va et viens des vaisseaux avec la sortie gauche cadre en hors champ d'un de ces derniers.
Le sixième plan (plus serré toujours en travelling avant ) est ponctué par l'arrivé hors champ du vaisseau à la gauche du cadre, cette ponctuation amène le spectateur plus prés encore d'une des deux pyramides, on ne perd pas le mouvement fluide « d'approche » auquel le spectateur est habitué depuis le début de la séquence l'arrivée d'un deuxième vaisseau hors champ également à la droite du cadre crée une convergence du regard du spectateur où l'axe donné est bien de découvrir la pyramide en détail, le bruit du réacteur viens appuyer le cut entre le plan 5 et 6.
La transition avec l’œil (déjà aperçu auparavant, utilisation du tourné/monté) entre le plan 7 et 8 amène maintenant le spectateur maintenant au but de ce que Ridley Scott veux faire découvrir au spectateur, ceci est d'autant appuyé par Le cadrage (désaxé sur la droite) qui désaccorde avec celui, très symétrique et frontal, des plans précédents.La pyramide nous apparaît ici une fois de plus comme le point névralgique de la ville, avec sa structure imposante.
La découverte du bureau dans le plan suivant ( plan 9 ) permet d'établir un rapport avec la séquence qui suit cette ouverture, le plan du bureau est retrouvé dans le dernier plan de cette séquence, le lien est donc établie, le spectateur est désormais situé à l'intérieur de cette structure qui paraît à la fois irréelle et grandiose mais également apocalyptique par la froideur des éléments, la couleur sombre et le caractère imposant en voyant la multitude de lumière qui laisse à penser à des fenêtres/ouvertures.Ici le dynamisme est donnée par le mouvement du ventilateur, fluide.(on note un désaccord entre la lumière extérieur et la lumière qui est visible dans le bureau)
Les deux derniers plan (12 et 13) sont liées par un raccord mouvement, un mouvement grue en plongeant qui amène à un plan en plongé dans le bureau où l'on est maintenant présent avec le personnage mis en scène dans le neuvième plan.
La dimension de l'homme que confère l'introduction.
Durant l'avancée de cette séquence d'ouverture, la place de l'homme dans l'univers dicté par le film est insignifiante, hormis la présence de vaisseaux qui transitent entre la pyramide et le reste de la ville il n'y à pas d'image des habitants pour appuyer le caractère tentaculaire de la ville.
La présence des cheminées industrielles et des flammes appuient également l'idée du danger qui règne dans la ville et par conséquent confère une crainte et de l'effroi que peux ressentir le spectateur à l'égard de la population.
Les seuls éléments a traduire une vie humaine ici sont les lumières que dégagent la ville et leurs nombre étouffe et font perdre la dimension humaine pour laisser place à une masse noir et embrumée.
L'élément qui va le plus traduire la dimension de l'homme dans cette séquence sont les gros plan de l’œil dans lequel se reflète les flammes qui laisse à penser a la dimension du caractère malsain de l'homme qui peuple cette ville.
Ce plan amène également à se confronté en terme de valeur de plan l'infiniment grand contre l'infiniment petit (plan large de la ville et très gros plan de l’œil humain).Cette différence appuie le fait que l'homme est insignifiant dans l'espace de la ville.
Le fait que l'ont voit le reflet de cette dernière traduit aussi le contrôle total de l'homme sur cet univers, (la ville complète est englobé dans l’œil.)
Il y à bien une double valeur identitaire sur laquelle le réalisateur veut amener le spectateur à voir cet aspect de ce qu'il est dans l'immensité qu'il l'entoure.
l'aspect contemplatif de la séquence.
La séquence d'ouverture du film est aussi une forme de contemplation qui est appuyé par la mise en scène.
La musique donne un caractère grandissant à la scène, les nappes de synthétiseur qui sont amplifiées par de la réverbération marque la taille épique de la ville comme une sorte de monument intemporelle et dons l'espace est difficilement quantifiable à l'écran.
La mise en scène est également orchestré par un balai de lumière et de mouvement durant l'avancée du travelling ; les flammes, la venu des vaisseaux, un éclair qui déchire le ciel, ce sont autans d'éléments contemplatif qui prennent la vision du spectateur durant la séquence.
Les gros plans de l’œil marque également cet aspect contemplatif , c'est lcelui du réalisateur qui nous amène à nous faire voir ce qu'il met en scène mais également le nôtre avec une double perception de la ville et des pyramides.
Durant toute l'avancée le spectateur est guidé par les lumières des vaisseaux et les sons, le réalisateur fait appel uniquement à la musique, les sons et les lumières, en accentuant le tout dans le contraste de l'image ; des lumières rougies, bleuâtres définies dans un environnement plongé dans l'obscurité.
Les 2 pyramides amènent elles à montrer le caractères également grandissant de la ville et son environnement , avec à la fois une image de monument incroyablement stupéfiant et magique mais aussi terriblement effrayant par l'apparence sombre et froide qu'elles dégagent.
Ont discerne bien les 3 dimensions que Ridley Scott amène dans le prologue de son film, avec un aspect plastique de la séquence basée sur le sons, la lumière et le mouvement, mais aussi sur l'interrogation des spectateurs face à l’éventualité d'une tel existence et de sa place dans le rôle de l'humanité, c'est la thématique même du film, la conscience peut elle se communiquer ?
Le propre de l'homme est d'avoir une conscience qui lui permet de réfléchir sur ses actes et sa condition au contraire de l'androïde, mais cette suprématie de l'homme sur le robot va-t-elle être toujours d'actualité ? D'autre part, nous noterons que l’œil mise en scène est l'empreinte externe la plus évoluée d'un individu. Scott, durant tout son métrage, va nous interroger sur l'identité des hommes par rapport aux robots. Qu'est ce qui fait que nous sommes plus humains qu'eux ? L’œil synthétise au mieux cette crise identitaire et existentielle futuriste à l'heure où, tout récemment à notre époque, les administrations mettent en place le passeport biométrique incorporant des données sur l'iris de la personne auquel il appartient.